Bruxelles veut plus de transparence
dans le fonctionnement des lobbies auprès de l'UE
LE MONDE | 03.05.06 | 14h46 • Mis à jour le 03.05.06
| 14h46
BRUXELLES BUREAU EUROPÉEN
La Commission européenne entend encadrer davantage, mais sans
légiférer,
l'activité des 15 000 professionnels du lobbying actifs à
Bruxelles. Dans un
Livre vert publié mercredi 3 mai, elle suggère aux
groupes de pression recensés
dans la capitale européenne d'instaurer des outils
d'autorégulation afin
d'améliorer, sous la forme d'un code de bonne conduite, la
transparence de
leurs activités. Elle propose aussi de procéder à
l'enregistrement volontaire
sur Internet des lobbyistes, qu'ils exercent au sein de leur
entreprise, de
sociétés spécialisées dans les affaires
européennes, de cabinets d'avocats ou
d'ONG, d'organisations patronales ou syndicales.
Une autorité indépendante serait chargée de
contrôler le processus. La
Commission considère que le lobbying "joue un rôle
légitime dans un système
démocratique", mais elle cherche à limiter tout risque de
dérives : fraudes,
corruption, mais aussi fausses informations, et utilisation massive des
moyens
de communication (mailing, pétition), pour orienter les
décisions des
responsables européens. Elle s'interroge sur la
légitimité, et les éventuels
conflits d'intérêt de groupes de pression parfois
financés par les fonds...
communautaires.
Le projet du commissaire chargé de l'administration et de la
lutte antifraude,
Siim Kallas, suscite de multiples réactions dans le Landerneau
bruxellois. Les
principaux cabinets de lobbying ont plaidé avec succès
contre toute législation
contraignante, incitant la Commission à limiter ses ambitions.
Mais, conscients
que leur activité n'a pas toujours bonne réputation, ils
veulent jouer le jeu
afin de soigner leur image.
D'autres considèrent que l'approche de Bruxelles est trop timide
: "Elle doit
faire le ménage chez elle", selon l'Alliance pour la
transparence du lobbying
et de l'éthique (Alter-EU), qui regrette que rien ne soit
prévu pour encadrer
davantage la reconversion des hauts fonctionnaires européens
dans le secteur
lucratif du lobbying.
Alter-EU, qui regroupe 140 ONG comme Greenpeace, Attac et la
Fédération
européenne des journalistes, dénonce l'influence trop
importante à ses yeux des
lobbyistes d'entreprise sur les institutions européennes.
Philippe Ricard
Article paru dans l'édition du 04.05.06
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-767719@51-757383,0.html